L’accessibilité à son environnement ne coule pas de source pour les personnes subissant un handicap. AVACAH les soutient depuis plus de vingt-cinq ans. Portrait.
Anciennement « Commission des barrières architecturales », formée par des bénévoles, l’Association Vaudoise pour la Construction Adaptée aux personnes Handicapées, AVACAH, promeut l’accessibilité aux bâtiments privés, publics et dans les transports publics.
Active depuis 1992, elle compte aujourd’hui une centaine de membres individuels et une trentaine de collectivités, engagées dans le but de défendre les intérêts de personnes souffrant d’un handicap physique ou sensoriel, qu’il soit momentané ou permanent.
Jean-Michel Péclard a participé à sa création, lui-même atteint d’un handicap physique. « Le contrôle des dossiers d’enquêtes, la sensibilisation et l’accompagnement pour avoir accès aux infrastructures et à des programmes de formation constituent les piliers de notre travail. On n’imagine pas les situations fâcheuses auxquelles les personnes en situation de handicap, qu’elles soient âgées, familles ou professionnels, sont soumises par manque de rigueur. Des lois existent, malheureusement, il faut insister pour qu’elles soient respectées », s‘exclame-t-il. A ses côtés, Simone Jeannet, malentendante, spécialiste handicaps de l’ouïe, membre du Comité de l’AVACAH, l’accompagne fidèlement dans ses démarches.
La loi LATC sur l’aménagement du territoire et les constructions, appliquée depuis 1985, la loi LHand, norme SIA 500 « Constructions sans obstacles » ainsi que la norme VSS 640 075 « trafic piétonnier, espaces de circulation sans obstacles » spécifient les exigences légales en faveur des personnes handicapées.
« L’an dernier, après avoir contrôlé 617 enquêtes publiques, nous avons déposé 272 oppositions et remarques, tant dans le cadre de logements, bâtiments publics que dans le domaine de la mobilité et des loisirs », poursuit Jean-Michel Péclard,
Au fil des ans, l’équipe d’AVACAH s’est étoffée avec la collaboration d’un deuxième délégué technique ayant une formation d’architecte.
Les enquêtes contrôlées concernent principalement les habitations collectives à partir de sept logements, les lieux publics: école, administration, café-restaurant, cinéma, etc, ainsi que les transports publics, de l’accessibilité aux boucles magnétiques et lignes de guidage.
L’association effectue également les contrôles de certaines réalisations pour vérifier la bonne prise en compte des aménagements nécessaires.
Boucles magnétiques, les indispensables
Des visites de contrôles régulières pour l’installation optimale et le bon fonctionnement des boucles magnétiques, en partenariat avec la Fondation forom écoute, permettent un suivi nécessaire, afin que les personnes malentendantes puissent être connectées dans le cadre de l’enseignement, de l’éducation, de conférences ou d’événements culturels. « A cet effet, nous diffusons un clip vidéo sur leur installation et leur utilisation, invitant les personnes concernées à mieux appréhender le processus », précise Anne Grassi, chargée de projet au sein de forom écoute.
L’ édition « Les Livre sur les Quais », qui se déroule à Morges, bénéficie de boucles magnétiques durant des conférences.
Jean-Michel Péclard évoque avec émotion les réactions positives des personnes malentendantes venues tester les premières boucles magnétiques au Cinéma Rex de Vevey, il y a quinze ans.
Sensibiliser pour concerner les individus
« Avec l’expérience, nous nous sommes rendu compte que les mises en situations à travers des cours et formations constituent le meilleur moyen pour que les bienportants essayent de se mettre dans la peau de personnes nécessitant une aide. A ce sujet, de grandes enseignes jouent régulièrement le jeu, invitant leurs employés à vivre cette expérience inédite ».
L’association encourage également toute personne subissant un handicap à suivre le cours d’introduction « Architecture sans obstacles », d’ores et déjà agendé aux 14 et 15 mars 2019.
Comme l’an dernier, il est dédié à la découverte des lois existantes, d’ateliers de constructions ouverts au public, atelier espaces de circulation, débats et échanges sur la perte auditive, mises en situation et parcours. Ceci afin que toute personne souffrant d’un handicap temporaire ou permanent puisse accéder à une formation ou exercer une activité professionnelle de manière autonome. « Il me paraît important de souligner que ces cours ont également pour but de réduire et éradiquer les inégalités entre les personnes »,
L’AVACAH a développé un parcours de sensibilisation aux handicaps physiques et sensoriels à l’aide d’une remorque itinérante, qui se déplace dans le canton de Vaud. Avec l’appui de personnes concernées, les participants ont la possibilité de réaliser des tests auditifs. Coupé du monde des sons, la lecture labiale, la stratégie de communication ou les moyens auxiliaires à disposition les initient au quotidien qu’une personne malentendante subit.
Des chaises roulantes, empruntant un parcours de combattant sont également attribuées
Se mettre dans la peau d’une personne malvoyante aidée d’une canne blanche ou d’un chien, tester des reconnaissances tactiles et utiliser des objets ou la lecture braille, font également partie intégrante du concept Virevolte mis sur pied depuis 2011 et financé par les fonds propres et l’aide des organisateurs. « C’est une expérience pédagogique, participative et à la fois ludique, à laquelle des groupes régionaux et certaines communes participent volontiers », précise Simone Jeannet.
Virevolte peut également être présenté dans d’autres cantons ou associations sur demande.
Grâce à la participation de bénévoles, de membres collectifs et individuels, d’employés de l’association, de l’OFAS, de l’Etat de Vaud, de dons et de legs, l’AVACAH poursuit ses activités en faveur des personnes en situation de handicap, trop fréquemment mises à l’écart. Longue vie à l’AVACAH !